McLuhan / La Grande table

La Grande Table (1ère partie) 14.09.2012

Caroline Broué

Avec :

Mathieu POTTE-BONNEVILLE

André GUNTHERT

Éric FASSIN

Éric Fassin : « Nous portons sur cet univers [des années 50] un regard ironique qui est déjà celui de McLuhan, c’est-à-dire une espèce de jouissance amusée que l’on peut avoir à regarder ce monde aseptisé. Par exemple sur toutes les images, tout le monde est blanc. On retrouve le fantasme américain des années 50 et la référence à David Riesman, le sociologue auteur de La foule solitaire (1950) sur le conformisme américain. Il y a là le modèle social et culturel américain des années 50 où la femme est rentrée à la maison, où l’homme gagne de l’argent dans le monde de l’entreprise. McLuhan fait l’impasse sur le prolétariat noir. C’est un livre qui reflète non pas tant une réalité qu’un fantasme et de ce point de vue là, il s’attache à des contenus imaginaires qui permettent de comprendre la production par les média et par la publicité de cette Amérique des années 50. Et il le fait avec une esthétique fragmentée historiquement située : c’est une volonté de s’inscrire dans le modernisme. »

Mathieu Potte-Bonneville : « L’un des problèmes que pose la série «Mad Men» est aussi au cœur du livre de McLuhan et on le peut le définir comme suit : avec l’Amérique des années 50, on a une société qui prétend prendre en charge industriellement les problèmes existentiels et affectifs de l’être humain. Il s’agit de savoir comment l’industrie va pouvoir porter les angoisses, les inquiétudes, les désirs des individus dans une société qui est à la fois une société individualiste et une société de masse. Or c’est exactement ce que repère McLuhan, jusqu’au titre, La Mariée mécanique : comment le rapport à soi-même est entièrement recapté et retransformé par l’industrie. Et la question de moraliste que se pose McLuhan est la celle des types humains que ce type de fabrique produit : quels sont les différents types humains qui sont appelés à peupler cette Amérique et quelle violence est imprimée aux êtres humains ? Et le regard de McLuhan est extrêmement en colère sur ce qui est en train d’advenir à l’être humain. »

André Gunthert : « Ce monde enchanté du cynisme repose sur le fantasme de pouvoir cacher ce que l’on veut faire faire aux gens. Ce mécanisme ne serait accessible qu’à des experts qui pourraient avoir accès à leur maîtrise. On a à cette époque une approche sociologique différente car contrairement à McLuhan qui s’intègre à l’objet, Walter Benjamin ou Hogart vont s’intéresser à la réponse des consommateurs, des usagers. Ils instaurent une marge qui est celle de l’épaisseur de la réception et qui change complètement la vision que l’on peut avoir de ces mécanismes propres aux industries culturelles. »


Capricci 2012, à paraître

Entretien

avec Jean-François Rauger et Hervé Aubron

au sujet du film de Raphaël Siboni,

Il n'y a pas de rapport sexuel.

Revue Capricci, Actualités critiques 2012

parution le 1er juin 2012


Une pause, mille coups !

Maxi Kim

Une Pause, Mille Coups ! mêle fiction et théorie et se refuse à choisir clairement entre les deux. S’appuyant sur des œuvres littéraires japonaises célèbres, il revisite le mythe de l’écrivain nippon en évacuant habillement toute mythologie orientaliste. Une Pause, Mille Coups ! —mélange d’onirisme érotisant et de réalisme quasi-désincarné— affirme qu’il n’existe aucun écart entre sexualité et structure textuelle ; il aspire à un devenir anti-métaphorique, cherchant à échapper à la logique du modernisme et du postmodernisme..

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Capricci 2012 - Raphaël Siboni


Editions Capricci
janvier 2012
208 pages
ISBN : 978-2918040200

in revue Capricci 2012, conversation entre Jean-François Rauger, Émilie Notéris, et Hervé Aubron, à propos de Il n’y a pas de rapport sexuel, de Raphaël Siboni.